� La vocation d'InformAction, avec ses premiers films, a été d'attirer l'attention sur des situations ou des cultures, à travers le monde, qui avaient en commun d'être ignorées par les médias. Aujourd'hui nous espérons que, malgré la sagesse et l'expérience qui viennent parfois avec les années, nous avons su garder l'empreinte de nos premiers documentaires : une préférence pour le politiquement incorrect, les idées non reçues, les personnages méconnus, et l'ouverture sur ce que l'ailleurs peut nous apprendre. �
Les premiers documentaires de l'équipe d'InformAction ont été réalisés avec l'appui de l'Office du film du Québec, que dirigeait Raymond-Marie Léger. Le but, dès le départ : s'ouvrir à la géopolitique, faire connaître des conflits internationaux ignorés par les médias, prendre parti contre la violation des droits de l'homme dans des pays qui ne faisaient jamais les manchettes - surtout dans le tiers monde. Le premier film, Anyanya, porte sur la guerre oubliée du Sud-Soudan, commencée en 1956 et qui a duré jusqu’en 2005, faisant plus de 2 millions de morts. L'équipe de tournage suivra à la radio, avec les maquisards sud-soudanais, les reportages sur la prise du pouvoir dans l'Ouganda voisin par Idi Amin.
Au cours du même tournage en Afrique, en 1971, l'équipe réalise les courts métrages Tam-tam et balafons, sur le Cameroun au temps du Cardinal Léger, et Yvongélisation, sur la coopération canadienne en Afrique vue par… Yvon Deschamps.
Pour réaliser Contre-censure (1976), on travestit les noms, pour éviter d'avoir à l'avenir des difficultés d'obtention de visas : Nathalie Barton réalisera sous le pseudonyme Morgane Laliberté et Gérard Le Chêne sous celui d'Alain d'Aix, nom clin d'œil qu'il gardera pour tous ses films. Contre-censure dévoile les dessous de la guerre d'indépendance du Cameroun et révèle pourquoi le livre Main basse sur le Cameroun du grand écrivain Mongo Béti vient d'être interdit dans son pays, saisi dans les librairies en France, et réédité au Québec par Léandre Bergeron. Le film est primé au festival du court métrage de Grenoble.
Période dure du néo-colonialisme : un autre livre est saisi en France – Prison d'Afrique, sur la répression qui sévit dans la Guinée de Sékou Touré, féroce dictateur jusque là protégé par son auréole de militant tiers-mondiste. Ce sera le point de départ de La danse avec l'aveugle (1978). L'auteur du livre, Jean-Paul Alata, l'un des témoins filmés, sera plus tard assassiné. Le film circulera sous le manteau en Guinée et sera plusieurs fois primé dans les festivals internationaux.
Le dur désir de dire, d’Alain d’Aix (1981), s'inscrit aussi dans la lutte contre la censure. Il s'agit d'un portrait du cinéaste breton René Vautier, auteur du premier film anti-colonialiste, Afrique 50, qui, « caméra au poing », a témoigné de l'insurrection algérienne et fera des grèves de la faim dans les années 70 afin que ses longs métrages de fiction censurés puissent être vus en France.
Mercenaires en quête d'auteurs (1983) emmène toute l'équipe des États-Unis aux Caraïbes, d'Europe en Afrique, sur la piste de personnages troubles qui passent du fantasme à l'acte et constituent le côté visible de manipulations géopolitiques des grandes puissances. Mercenaires, c'est aussi le début d'une longue collaboration entre InformAction et Philippe Lavalette à la caméra. À l'occasion de ce tournage, Jean-Claude Bürger réalise à Madagascar un saisissant portrait de l'ex-ministre québécois Jacques Couture, redevenu simple prêtre. Il réalise aussi le court métrage L'âge de guerre (1977) qui dénonce, à travers des dessins d'enfants, l'impitoyable guerre entre le Bangladesh et le Pakistan.
Zone de turbulence (1984) poursuivra l'enquête géopolitique - sur la route du pétrole et en Afrique australe - et sera diffusé, comme Le dur désir de dire et Mercenaires en quête d'auteurs, par Radio-Québec. Toujours dans les années 80, la collection Transmission d'expériences créoles fait découvrir un ensemble culturel fort de 12 millions de personnes qui vivent aux antipodes, de la Caraïbe à l'Océan indien, et commencent tout juste à se connaître. Justice blanche (1985), co-réalisé par Françoise Wera et Morgane Laliberté, enquête sur un enjeu culturel mais cette fois en pays inuit, dans le Grand Nord québécois (diffusion Radio-Canada).
Au début des années 90, les comédies documentaires Le Marché du couple (Louis Fraser et Alain d'Aix), puis Tristan et Juliette ou l'amour en l'an 2000 (Isabelle Turcotte et Alain d'Aix), toutes deux avec Denis Bouchard, ouvrent une nouvelle période, avec l’exploration de nouveaux thèmes et de formes renouvelées.
InformAction reste fidèle aussi à ses amours africaines, avec trois séries sur le cinéma africain, coproduites avec le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire et diffusées par TV5, réalisées avec la collaboration de Ariane Émond, Ousseynou Diop, Yves Langlois et Maka Kotto. En 1995 le drame du Rwanda déclenche la réalisation de la série Soleil dans la nuit (30 bouleversants témoignages de survivants) et du documentaire Les Racines de l'espoir (Marc Renaud avec la collaboration de Gil Courtemanche).
Nathalie Barton entreprend à partir des années 90 la production de documentaires d’auteur signés par des réalisateurs tels que Tally Abecassis, Alain d’Aix, Manon Barbeau, Philippe Baylaucq, Iolande Cadrin-Rossignol, Helen Doyle, Carlos Ferrand, Nicole Giguère, Doïna Harap, Jean-Daniel Lafond et Carole Laganière. InformAction s’engage aussi dans la production de premières œuvres documentaires, avec l’appui du programme Aide aux jeunes créateurs de la SODEC.
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